Le terme est apparu au XVIe siècle et signifie littéralement l’absence de partialité, c’est-à-dire de parti pris. L’impartialité est cette attitude, considérée comme vertueuse, synonyme de droiture et de justice, qu’on attend par exemple d’un juge : qu’il ne manifeste aucun préjugé personnel, qu’il soit désintéressé, indépendant et neutre. L’homme n’ayant ni le point de vue de Dieu ni ce que le philosophe américain Thomas Nagel appelle le « point de vue de nulle part », cette attitude ne lui est pas naturelle et représente un effort considérable : il faut s’arracher de ses préférences personnelles, s’en détacher, en faire abstraction ; « dépersonnaliser » le jugement, la décision ou l’action.
Le terme est apparu au XVIe siècle et signifie littéralement l’absence de partialité, c’est-à-dire de parti pris. L’impartialité est cette attitude, considérée comme vertueuse, synonyme de droiture et de justice, qu’on attend par exemple d’un juge : qu’il ne manifeste aucun préjugé personnel, qu’il soit désintéressé, indépendant et neutre. L’homme n’ayant ni le point de vue de Dieu ni ce que le philosophe américain Thomas Nagel appelle le « point de vue de nulle part », cette attitude ne lui est pas naturelle et représente un effort considérable : il faut s’arracher de ses préférences personnelles, s’en détacher, en faire abstraction ; « dépersonnaliser » le jugement, la décision ou l’action.
Cet effort est forcément temporaire. L’état normal de l’homme n’est pas l’impartialité mais la partialité. D’ailleurs, que serait un homme tout le temps impartial ? Serait-il encore un homme ? Aurait-il encore une identité, s’il n’a plus de préférences ? Pourrait-il seulement vivre, sans respecter ses propres intérêts ? L’impartialité est une dissociation, entre le moi idéal qui doit juger et le moi réel qui a des préférences, des intérêts et des projets. Cette dissociation n’est supportable pour l’identité que si elle est momentanée. Mais est-elle seulement possible ? L’homme est-il seulement capable d’être impartial ? A strictement parler, non, dans le sens où il aura toujours un certain point de vue, celui d’un sujet et non d’un objet. Il sera toujours et par définition subjectif, jamais totalement objectif. D’où la naïveté qu’il peut y avoir à définir l’impartialité comme « objectivité dans le jugement ». C’est toujours je qui tente de se distancier de ses préférences, et qui le fait d’une manière qui lui est propre. Le point de vue impartial est en outre une sorte de mythe rationaliste, puisqu’il suppose la possibilité d’un moi purement rationnel, débarrassé des passions, des sentiments et des émotions qui constituent toute personne et qui l’inclinent vers telle ou telle préférence. Mais cette pure raison, si tant est qu’elle existe quelque part, est-elle encore moi ? N’est-elle pas plutôt mon impersonnalité ?
On dira alors que l’impartialité n’est pas un état atteignable, mais un objectif louable. L’important n’est pas d’être impartial, puisque personne ne l’est jamais, mais d’avoir cette motivation de justice, cette intention de s’approcher aussi près que possible d’un point de vue impartial.