L’ingérence est par définition une violence puisqu’il s’agit d’une immixtion sans titre, sans droit, d’une intervention illicite. Le mot est généralement employé pour parler des relations entre les États, sur la scène internationale, et l’ingérence peut alors être soit immatérielle, dans le cas d’une déclaration, par exemple, de ce qu’on appelait au XIXe siècle une intervention diplomatique, soit matérielle, c’est-à-dire physique, de ce qu’on appelait et qui s’appelle encore une intervention armée. Dans les deux cas, mais avec des moyens et des conséquences différentes, il s’agit de contraindre par la force, ou la menace de la force. Le sens qui nous intéresse ici est celui que l’on donne à l’ingérence dite humanitaire, c’est-à-dire à cette forme d’intervention qui revendique une légitimité exceptionnelle en vertu de la manière dont elle est justifiée : par des raisons humanitaires, pour secourir des victimes de violations graves et massives des droits de l’homme.